
Lille, le 4 février 2025
Mesdames, Messieurs les membres de la CAPA,
L’actuel premier ministre a annoncé dans son discours de politique générale la poursuite et même l’aggravation de la politique engagée par ses prédécesseurs, politique pourtant rejetée dans la rue, dans les urnes, et par une motion de censure.
Le projet de loi de finance 2025 ne préserve ni l’éducation, ni l’enseignement, ni d’ailleurs la recherche. 470 postes sont supprimés dans le premier degré, dont 127 dans notre académie. À Lille, ce sont aussi 106 postes supprimés dans les collèges dont 21 en SEGPA, 69 dans les LGT et le Post bac, 8 dans les EREA ; 7 postes administratifs et un poste de personnel de direction. Quant aux 6 postes de CPE issus du plan de tranquillité scolaire, ils sont les bienvenus mais cela ne représente que 0,7 % de moyens en plus… Vous nous répondrez probablement que les emplois dans la voie professionnelle augmenteront fortement. Mais le rectorat sera-t-il en mesure de pourvoir tous les postes ? Le corps des PLP est celui où la proportion de postes vacants est la plus importante. C’est aussi celui où elle ne cesse d’augmenter : 274 postes vacants en 2022, 311 en 2023, 380 en 2024. Combien en 2025 ? L’augmentation du nombre d’emplois chez les PLP, faute de personnel pour les pourvoir, risque au final de conduire à des classes surchargées et des pressions sur les enseignants des LP et SEP pour qu’ils réalisent d’avantage d’heures supplémentaires.
Pour justifier les suppressions et l’absence de création de postes, le ministre Bayrou explique : « on n’arrive pas à recruter » ! Nous pouvons l’aider à énumérer les causes du désenchantement : salaires indignes (gel du point d’indice, gel des carrières via PPCR), sanction financière des arrêts maladie (par un jour de carence et 90 % du traitement), inclusion systématique et sans moyens, droit à mutation empêché ou risqué, culture de l’évaluation (audits d’établissement, évaluation des directeurs, évaluations nationales) avec ses accompagnements individuels ou collectifs, souvent culpabilisants pour les personnels, managements relevant parfois de la maltraitance.
Bref, pour rendre aux métiers de l’EN un peu de leur attractivité, il faut aussi leur rendre du sens, ce qui implique notamment d’abroger une série de contre-réformes comme la loi dite de « transformation de la fonction publique » qui a supprimé le contrôle paritaire sur la carrière des personnels, et celle dite « PPCR » qui a abouti à une évaluation jugée incompréhensible et délétère pour leur carrière par les agents. Rappelons que parmi les deux seules organisations syndicales à avoir voté contre le PPCR et présentes aujourd’hui dans cette salle, figure notre confédération Force Ouvrière.
Cette CAPA a pour ordre du jour l’examen des contestations des appréciations finales aux rendez-vous de carrière des professeurs certifiés, agrégés, PLP, PEPS, CPE et PsyEN.
Force Ouvrière apporte son soutien aux collègues que l’avis du Recteur laisse dans l’incompréhension, la déception, le mécontentement et même le ressentiment. Force est de constater, encore une fois, à la lecture des contestations, que l’évaluation PPCR renforce l’arbitraire, démotive et fragilise les collègues. Un certain nombre d’entre eux se voit rétrograder entre deux rendez-vous de carrière pourtant distants de quelque mois. Dans ce système d’évaluation par compétences, l’ancienneté ne joue plus aucun rôle. À chaque rendez-vous de carrière, les fonctionnaires doivent refaire leurs preuves comme s’ils repartaient de zéro et n’avaient aucune expérience à faire valoir. L’institution ne tient pas compte des services rendus précédemment.
Cette année encore, l’avis excellent est sous représenté parmi les TZR, seuls 15,5% des collègues TZR ont eu un avis excellent contre 38,2% pour l’ensemble des corps. Doit-on en conclure que les TZR sont de moins bons enseignants que les titulaires en poste fixe ?
Cette année encore, plus de 3% des collègues qui n’ont pas bénéficié d’un rendez-vous de carrière pour cause de maladie, maternité, congé parental ou autres situations médicales ou familiales, ne pourront pas contester l’avis posé servant notamment de barème au passage à la hors classe. Quelle est l’équité de traitement entre tous les fonctionnaires depuis la mise en place du PPCR ?
Cette année encore, les contestations pour le 3ième rendez-vous de carrière sont majoritaires. Par leur recours, ces personnels en fin de classe normale manifestent leur mécontentement souvent lié au manque de reconnaissance de leur engagement dans les missions confiées tout au long de leur carrière. Les enseignants, CPE et PsyEN qui rentrent de plus en plus tard dans l’Éducation nationale ont aussi compris tout l’intérêt qu’il y a à changer le plus rapidement possible de grade pour espérer finir à la hors échelle de la classe exceptionnelle.
Cette année, les contestations portent uniquement sur l’avis « très satisfaisant ». Les collègues à qui la Rectrice a refusé d’augmenter cet avis et qui ont saisi cette commission espèrent que cette instance le transformera en « excellent ». Ces collègues ont bien intégré le fait que cet avis « excellent » augmente considérablement les chances d’obtenir une accélération de carrière à l’issue des premier et deuxième rendez-vous de carrière et qu’au troisième rendez-vous de carrière, il diminue fortement le temps passé dans la classe normale et permet ainsi un meilleur pouvoir d’achat en fin de carrière ainsi qu’une meilleure pension de retraite de l’État.
Et cette année, 46,8% des collègues qui ont reçu un avis négatif à leur recours gracieux, n’ont pas saisi la CAPA. C’est dire toute la confiance qu’ont les enseignants dans le système. Beaucoup considèrent que les promotions servent avant tout à satisfaire les grands équilibres plutôt qu’à récompenser l’engagement et la valeur professionnelle.
Force Ouvrière demande toujours l’abrogation de la réforme PPCR et le retour pour les professeurs à une double notation chiffrée encadrée par des grilles nationales, prenant en compte l’avancement dans la carrière.
Force Ouvrière revendique l’augmentation indiciaire pour tous les personnels, pas seulement les enseignants et en particulier les personnels les plus en difficulté (catégories C, AESH, AED…), sans contrepartie, à minima à hauteur de l’inflation pour commencer, et rattrapage des 25 % de pouvoir d’achat perdu en 20 ans.
Force Ouvrière revendique aussi l’abrogation de la réforme des retraites Borne – Macron ; le maintien de tous les régimes existants, dont le code des pensions civiles et militaires ! Le retour au départ à 60 ans après 37,5 années de cotisation.
Je vous remercie de votre attention.